Firaketana, miendrika fanontaniana sy valiny, nosoratan'ny Kardinaly Joseph Höffner momba ny fandraisana komonio iraisana (intercommunion) izay olana mipetraka eo amin'ny katolika sy ny protestanta ary ny ortodoksa (*).
I. — Inona no atao hoe Komonio iraisana (Intercommunion)?
Ny antsoina hoe komonio iraisana dia rehefa misy mpikambana ao amin'ny ankohonam-piangonana iray izay mangataka ny handray ny Komonio Masina na ny Fanasan'ny Tompo amin'ny ankohonam-piangonana iray hafa, na koa rehefa omena'ny fiangonana iray Komonio na Fanasàn'ny Tompo ny mpikambana amin'ny fiangonana hafa.
Raha Komonio iraisana no tena fiantso azy dia misy koa ny mampiasa hoe « komonio misokatra ».
Rehefa misy Fiangonana roa mifanaraka fa samy afaka hanome Komonio Masina na Fanasan'ny Tompo ny mpiangona ao amin'ny andaniny sy ankilany, dia antsoina hoe « ankohonan'ny Fanansan'ny Tompo » na koa fifamelan'ny roa tonta amin'ny Komonio (1).
Rehefa miara-mankalaza, tsy ny tenin'Andriamanitra fotsiny fa ny eokaristia mihitsy, ny mpitandrina amin'ny Fiangonan roa samihafa dia antsoina indray hoe Fankalazana iraisana (intercélébration).
Ankoatra izay, ny fiantsoana momba ny Komonio misokatra, ny kominio misokatra voafetra, ny komonio misokatra ifanakalozana, sy ny ankohonan'ny Fanasan'ny Tompo dia samy manan ny fampiasany azy. Tsy mbola misy aloha ny fiantsoana izay eken'ny rehetra.
II. — Ahoana no hanazavana ny hetahetan'ny kristianina maro ankehitriny, protestanta sy katolika, ny hisian'ny komonio iraisana?
Maro tokoa ireo kristiana, protestanta sy katolika, izay mangataka mafy ny hisian'ny "komonio iraisana" satria tsapan'izy ireo fa mahamenatra ny fisarahan'ny mpino. Fantatr'izy ireo fa tamin'ny alalan'ny batisa dia zanaky ny Ray tokana sy mpianatr'i Kristy izay tokana izy ireo, ary maniry izy ireo ny hiaraka hipetraka hiray amin'ny latabatra izay anasan'ilay Tompo tokana ny rehetra.
Ny konsily Vatikana II izay miresaka momba ny fisarahan'ny kristianina dia milaza fa manohitra mivantana ny sitrapon'i Kristy izany fisarahana izany, fanafintohinana ho an'izao tontolo izao, manembatsembana ilay asa masina fitoriana ny vaovao mahafaly amin'ny voary rehetra (2) ary misakana ny fidiran'ny marobe amin'ny finoana (3).
Toa izao rahateo ny faniriana lalin'io Konsily io mikasika izany : « Tsikelikely, rehefa voarodana daholo ireo sakantsakana izay mamefy ny firaisana tanteraky ny fiangonana, dia hiaraka havondron'ny fankalazana eokaristika tokana ao anatin'ny firaisan'ny Fiangonana tokana sy mitovy, ny kristianina rehetra (4). »
III. — Ahoana hoy ny Konsily Vatikana II momba ny Komonio iraisana eo amin'ny katolika sy ny ortodoksa?
Ny Konsily Vatikana II dia manambara fa:
1. Ny komonio iraisana eo amin'ny katolika sy ortodoksa dia azo atao;
2. Ny komonio iraisana anefa dia tsy tokony ataon'ny katolika samy irery raha tsy hoe:
a) Misy antony manokana tsy azo ialàna na
b) Tsy misy pretra katolika azo atonina.
Manambara toa izao ny Konsily ao amin'ny andininy faha 27 momba ny lalàna mikasika ny Fiangonana katolika tatsinanana:
« Azo omena ny sakramentan'ny fampihavanana, ny eokaristia ary ny fanosorana ny marary ny kristianina avy amin'ny fomba Tatsinanana, izay nisaraka tamin'ny Fiangonana katolika, raha toa ka mangataka izany izy, ary niomana tsara handray izany. »
« Ankoatra izany, dia azo atao ihany koa ho an'ny katolika no mandray ireo sakramenta ireo avy amin'ny pretra tsy Katolika ao amin'ny Fiangonana iray izay ekena ny maha-ara-dalàna ireo sakramenta ireo, raha ohatra ka misy ny filàna ara-panahy izany ary tsy afaka manatona pretra katolika izy. »
Lorsque l'état de sa conscience ne permet pas à un chrétien catholique de recevoir la Sainte Communion dans l'Eglise catholique, il va de soi qu'il ne doit pas non plus s'approcher de la table du Seigneur dans une église orthodoxe.
Du côté des Eglises orientales, le patriarcat de Moscou a autorisé le 16 décembre 1969 l'admission des catholiques romains à la Communion (5), tandis que l'Eglise grecque orthodoxe a refusé jusqu'à présent l'accès des catholiques romains à son Eucharistie (6).
Les vieux-catholiques ont une conception théologique voisine de celle des catholiques et des orthodoxes en ce qui concerne la consécration sacerdotale, la messe et la permanence de la succession apostolique.
Avec certaines restrictions, cela vaut également pour la conception théologique des anglicans, mais la question de savoir s'ils ont conservé la succession apostolique n'a pas encore été résolue.
IV. — Si l'Eglise catholique estime que l'intercommunion avec l'Eglise orthodoxe est fondamentalement possible, pourquoi ne permet-elle de faire usage de cette possibilité que dans des cas d'urgence bien définis?
La célébration commune de l'Eucharistie est le signe suprême de l'unité entre les chrétiens. Pour cette raison, une intercommunion sans restrictions donnerait l'illusion d'une unité qui n'existe pas.
Le décret que nous venons de mentionner sur les Eglises orientales catholiques appelle les orthodoxes « frères chrétiens orientaux séparés » et « frères des Eglises orientales séparées » (ainsi dans les articles 28 et 29).
Lorsque le Pape Paul VI et le patriarche orthodoxe Athénagoras, venant l'un de Rome, l'autre de Constantinople, se rencontrèrent à Jerusalem au début de 1964, cette rencontre fut un signe de fraternité. La plus haute autorité de l'Eglise catholique et le patriarche suprême de l'Eglise orthodoxe lurent ensemble la Sainte Ecriture (la prière sacerdotale, Jean 17) et récitèrent conjointement le Notre Père, mais ils ne célébrèrent pas ensemble l'Eucharistie. Ils se reconnurent comme frères devant l'ensemble de la chrétienté et le monde entier, mais ils ne cherchèrent pas à donner le change sur la division qui existe malheureusement dans la chrétienté.
V. — Pourquoi l'intercommunion entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe est-elle possible alors qu'elle ne l'est pas entre l'Eglise catholique et les Eglises protestantes?
L'intercommunion peut avoir lieu entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe et non avec les Eglises protestantes parce que les chrétiens orthodoxes, dans des questions décisives de foi, se trouvent plus proches de l'Eglise catholique que les chrétiens protestants.
Sur l'identité de foi avec l'Eglise orthodoxe, le IIe Concile du Vatican déclare que les orthodoxes, bien que séparés, ont de vrais sacrements — principalement, en vertu de la succession apostolique: le sacerdoce et l'Eucharistie — qui les unissent intimement à nous (7) ».
Les Eglises catholique et orthodoxe croient de la même façon qu'il existe des prêtres consacrés et que c'est à eux, et à eux seulement, qu'a été confié le pouvoir de changer le pain et le vin au corps et au sang du Christ. Les chrétiens catholiques et orthodoxes croient les uns et les autres que la sainte messe est un sacrifice et que dans cette messe le sacrifice de Jésus-Christ sur la croix devient, sacramentellement présent parmi nous.
A propos des divergences dans la foi qui nous séparent des protestants, le Concile déclare que ces derniers célèbrent certes à la Cène le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, mais il estime d'autre part « que, en raison surtout de l'absence du sacrement de l'ordre, ils n'ont pas conservé la substance propre et intégrale du mystère eucharistique ». (Article 22.)
Il existe au sein des Eglises protestantes (8) des conceptions diverses touchant l'Eucharistie. De nombreux chrétiens protestants croient que le corps et le sang du Christ sont présents lorsqu'on reçoit la Cène, bien qu'ils ne reconnaissent pas la transformation substantielle du pain et du vin au corps et au sang du Christ. D'autres, par contre, ne voient dans la Cène qu'un mémorial.
Les divergences de conception qui apparaissent parmi les protestants eux-mêmes en ce qui concerne la Cène expliquent pourquoi, même entre Eglises protestantes, il n'existe pas encore de complète communauté de la Cène.
C'est pour cette même raison que les orthodoxes, tout comme les catholiques, n'ont pas non plus de communauté de la Cène avec les diverses confessions issues de la Réforme.
VI. — Dans quels cas exceptionnels la sainte Communion peut-elle être donnée à des chrétiens protestants isolés?
La Sainte Communion peut être donnée à des chrétiens protestants isolés:
1. Lorsqu'il existe un danger de mort ou une grave nécessité;
2. Lorsqu'un pasteur protestant n'est pas disponible;
3. Lorsque le chrétien en question a une conception catholique de l'Eucharistie, déclare professer cette foi et de lui-même manifeste le désir de recevoir la Sainte Communion.
Le Directoire oecuménique publié le 14 mai 1967 par le Secrétariat pour l'Unité des chrétiens déclare dans l'article 55: « ... Là où l'unité de la foi, quant aux sacrements, vient à manquer, la participation de frères séparés avec des catholiques, surtout dans les sacrements d'Eucharistie, de pénitence et d'onction des malades, est interdite. Cependant, comme les sacrements sont et des signes d'unité et des sources qui procurent la grâce (cf. De Oecum., n° 8), l'Eglise peut, pour des raisons suffisantes, permettre l'accession d'un frère séparé à ces sacrements. Cette accession peut être permise en danger de mort ou en cas d'urgente nécessité (dans la persécution, dans les prisons), si le frère séparé ne peut accéder au ministre de sa communion et qu'il demande spontanément les sacrements au prêtre catholique, pourvu qu'il exprime une foi conforme à la foi de l'Eglise quant à ces sacrements, et qu'il soit bien disposé. Pour les cas de telle ou telle nécessité urgente, que l'Ordinaire du lieu ou la Conférence épiscopale décide (**). »
VII. — L'Eglise ne devrait-elle pas faire une exception au moins pour les mariages mixtes et permettre aux conjoints, lors de la cérémonie du mariage et également plus tard, de recevoir ensemble, s'ils le désirent, la sainte Communion ou la Cène?
C'est dans les mariages entre conjoints de confession différente qu'apparaît le plus douloureusement la division de la foi. Le mariage mixte n'est pas une Eglise unie (Una Sancta) en petit, mais une chrétienté divisée en petit. La réception en commun, soit de la Sainte Communion, soit de la Cène, donnerait ici encore l'illusion d'une unité qui n'existe pas et qui, en réalité, ne peut être atteinte de cette manière. La déclaration collective du président de la Conférence épiscopale allemande et du président du Conseil de l'Eglise évangélique allemande, en date du 18 janvier 1971, déclare à juste titre « que la participation commune à la Cène ou à l'Eucharistie n'est pas la manière appropriée pour combler le fossé entre les différences de confession (9) ».
Il y a des mariages mixtes dont la vie intérieure est empreinte de foi. Mais il en est malheureusement d'autres qui sombrent dans la tiédeur religieuse. Car les divergences de foi chez le mari et la femme, chez le père et la mère, constituent déjà en soi un obstacle au plein développement de la vie religieuse des époux, des enfants, de la famille tout entière. En outre, le fait de participer ensemble à la célébration eucharistique peut faire courir un danger, celui que l'un ou l'autre des conjoints n'arrive plus à mettre entièrement en valeur sa propre foi.
Plus les époux prennent au sérieux leur communion dans l'amour et leur séparation dans la foi, plus ils ressentent douloureusement le fait qu'ils ne sont pas d'accord sur un point décisif, notamment en ce qui concerne l'Eucharistie.
Mais cette pénible situation du mariage mixte permet d'autant plus aux époux de prendre conscience de ce qu'ils ont en commun dans leur foi, d'en parler ensemble et de mener ainsi ensemble une vie chrétienne le baptême, la fidélité au même Jésus-Christ, l'Ecriture, la prière, la réalisation dans le Seigneur de l'amour conjugal et de l'amour du couple pour les autres. Ainsi les conjoints s'aideront et se soutiendront mutuellement sur le chemin qui mène vers un plus grand amour du Christ.
VIII. — Que penser d'un catholique romain qui reçoit la Cène des mains d'un pasteur protestant?
Selon notre foi, un catholique qui reçoit la Cène des mains d'un pasteur protestant ne recevrait pas réellement le corps et le sang de Notre Seigneur.
Seule la consécration sacerdotale donne le pouvoir de changer le pain et le vin au corps et au sang du Christ et de rendre présentes parmi nous les souffrances et la mort du Christ.
Le IVe Concile du Latran (1215) déclare: « Ce sacrement [l'eucharistie], seul peut le réaliser le prêtre qui a été régulièrement consacré, et personne d'autre que lui conformément au pouvoir des clés que Jésus-Christ lui-même a confié aux apôtres et à leurs successeurs (10). »
Par ailleurs, la foi catholique nous dit que la réception de la Cène réformée représente, pour les croyants qui y participent, une « communion vivante avec le Christ (11) ».
IX. — La transmission du pouvoir apostolique des clés est-elle liée inconditionnellement à l'imposition des mains de l'Apôtre à l'évêque, de l'évêque au prêtre et ainsi de suite? Ou bien la succession apostolique n'est-elle pas déjà donnée dans le maintien des communautés chrétiennes et à travers ce maintien? Dans une telle communauté chrétienne, le ministère n'a-t-il pas déjà une signification eucharistique?
Jésus-Christ, qui est lui-même la « pierre d'angle », a bâti son Eglise « sur le fondement des apôtres et des prophètes » (Ep 2, 20) et lui a confié la mission de proclamer la Parole de Dieu sans l'altérer, de répandre sur tous la « vérité et la grâce » du Christ (12) et de transmettre le pouvoir apostolique. Parmi les disciples qui le suivaient, il a appelé les apôtres et il a fondé le Collège apostolique dont Pierre est la tête. Ce faisant, il a établi l'ordre de l'Eglise pour tous les siècles et les millénaires qui allaient suivre. Dans le peuple de Dieu, il y a ceux qui détiennent le ministère apostolique, le collège qu'ils forment ensemble (le Collège des évêques) et les prêtres qui « en vertu du sacrement de l'ordre » sont unis aux évêques « dans la dignité sacerdotale » (13). C'est seulement dans une Eglise ainsi ordonnée qu'a lieu le changement du pain et du vin au corps et au sang du Christ et qu'est rendu sacramentellement présent le sacrifice de Jésus-Christ sur la croix.
L'Eglise tout entière a partagé cette foi jusqu'au début du XVIe siècle — si l'on excepte quelques hérésies, par exemple celle des Vaudois. Même après l'époque de la Réforme, les catholiques, les orthodoxes, les anglicans et les vieux-catholiques ont continué à partager cette foi (même s'ils sont en désaccord sur l'identité de la véritable Eglise du Christ).
Le IIe Concile du Vatican a réaffirmé cette foi: la succession du Collège apostolique est le Collège des évêques. L'entrée dans le Collège épiscopal est la consécration épiscopale.
X. — Quelle est la valeur de la sainte Communion qu'un prêtre catholique donne à un chrétien protestant?
Un prêtre catholique qui, en dehors des cas mentionnés dans la question VI, donne la communion à un chrétien protestant, contribuerait à donner le change sur une unité qui n'existe pas. Il irait à l'encontre de l'ordre ecclésial qu'il s'est solennellement engagé à reconnaître lors de son ordination. Les fidèles auraient raison de voir un scandale dans un tel comportement.
Il existe des milieux protestants de plus en plus rigoureux qui, dans la question de la communauté de la Cène, ne veulent pas que l'on fasse des pas inconsidérés, même entre chrétiens protestants.
Les évêques allemands écrivent dans les dispositions du Directoire oecuménique mentionné plus haut: « La tentative pour rétablir l'intercommunion sans tenir compte des réalités théologiques, en passant directement à l'action, réduirait la célébration eucharistique à une démonstration de bonne volonté. Si cela suffisait, l'unité serait réalisée depuis longtemps déjà et le mouvement oecuménique tout entier n'aurait plus de sens. Le travail de l'unité des chrétiens tire précisément sa tension dramatique et sa dynamique la plus vigoureuse de l'expérience douloureuse qui consiste à ne pas pouvoir participer ensemble à l'unique repas du Seigneur. Et c'est justement sur ce point qu'il apparaît que le chemin vers l'unité exige la patience comme vertu oecuménique spécifique (14).
XI — Mais n'est-ce pas précisément la célébration commune de l'Eucharistie qui constitue le moyen privilégié pour réaliser par la force de la grâce l'unité des chrétiens?
La célébration commune de l'Eucharistie n'est pas le moyen approprié pour restaurer la communion entre chrétiens séparés. L'Eucharistie est le signe de l'unité des croyants (15), et elle le demeure même au regard de la division. Mais elle n'est pas un moyen de réunification (16). En effet, en premier lieu, la célébration commune de l'Eucharistie simulerait une unité qui n'est pas effective, et de ce fait elle gênerait plus qu'elle ne faciliterait la suppression de la division. De même, elle affaiblirait le désir de parvenir à une unité réelle et complète; en second lieu, la célébration commune de l'Eucharistie avec les protestants camouflerait les divergences réelles qui existent dans la foi et la conception de l'Eglise, en ce qui concerne notamment l'ordination sacerdotale, la sainte messe en tant que sacrifice, la réalité de la présence sacramentelle de Jésus-Christ.
La célébration commune de l'Eucharistie ne peut se trouver au début de l'unité de nouveau en marche; mais elle sera un jour — telle est la volonté de Dieu — le plus beau fruit, le sceau et la consolidation de l'unité reconquise. Les sacrements n'opèrent pas magiquement.
La célébration séparée de l'Eucharistie, plus que la célébration commune, donne conscience du scandale de la division. Elle rappelle que nous sommes des frères séparés et incite à la prière pour une réunion dans la vérité.
La célébration séparée de l'Eucharistie est comme une écharde dans la chair. Elle ne laisse aucun repos.
Les différentes tentatives faites aux Pays-Bas pour réaliser I'intercommunion complète entre catholiques et protestants n'ont pas abouti à l'unité mais à une plus grande division.
A cela s'ajoute que les chrétiens orthodoxes ne suivraient pas les chrétiens catholiques dans la forme actuelle de l'intercommunion, si les catholiques voulaient également réaliser l'intercommunion avec les protestants. Les orthodoxes verraient dans un tel geste la répudiation, par les catholiques, de la foi en la consécration sacerdotale et en la transsubstantiation (17). Il n'est pas possible de réaliser en même temps l'intercommunion avec les orthodoxes et les différentes Eglises protestantes.
XII. — Si l'on écarte l'intercommunion, quel moyen reste-t-il pour rétablir dans un avenir proche l'unité des chrétiens?
La division entre les chrétiens est une croix. Nous devons nous en remettre au Seigneur Dieu qui seul a le pouvoir d'enlever cette croix de nos épaules à notre époque. Nous devons toujours sans cesse le prier pour cela et nous préparer à sa grâce par le dialogue, l'étude approfondie des questions théologiques faisant problème, la collaboration « à toutes sortes d'entreprises qui contribuent au bien commun (18) » et la fraternité vécue ensemble. Mais nous, les hommes, nous ne pouvons arracher l'unité de force.
Le IIe Concile du Vatican appelle la division un objet de scandale pour le monde, un obstacle à la prédication de l'Evangile (19), un obstacle à la réalisation de la plénitude de catholicité entre les baptisés (20).
Mais le Concile n'appelle pas péché la division existante. Il soutient au contraire que la responsabilité de la division ne peut être rejetée sur les hommes qui naissent aujourd'hui dans les communautés séparées (21). Dans quelle mesure le péché a provoqué les séparations et de quel côté se trouve le péché le plus grave, c'est Dieu seul qui peut en juger. Les frères séparés ne peuvent que se demander mutuellement pardon pour les péchés de leurs pères.
Il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui la division est une croix et un scandale. Tous les chrétiens doivent en souffrir douloureusement. Qui veut se débarrasser arbitrairement de cette croix crée de la confusion et de nouvelles divisions. La rupture de la foi ne peut être abolie par des initiatives et des forces humaines, elle ne peut l'être surtout par la réduction et l'effacement des vérités de foi. L'unité de la foi ne peut nous être donnée en partage que comme un don de la miséricorde divine. « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. » (Lc 18, 27.)
(*) Texte original allemand publié par le bureau de presse de l'archevêché de Cologne. Traduction de la DC.
(**) DC 1967, n° 1496, col. 1088 (NDLR).
(1) Le Secrétariat romain pour l'Unité et le conseil oecuménique des Eglises parlent d'admission réciproque (admissio reciproca).
(2) Décret sur l'œcuménisme, 1.
(3) Décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise, 6.
(4) Décret sur l'oecuménisme, 4.
(5) ERWIN ISERLOH, in Rheinischer Merkur, 6 novembre 1970, p. 23.
(6) HEINRICH BACHT, Zum Problem der Interkommunion, Münster 1971, p. 4.
(7) Décret sur l'oecuménisme, 15.
(8) Les trois grandes Eglises issues de la Reforme (I 'Eglise luthérienne, la Fédération réformée mondiale et la Communion de I 'Eglise anglicane) ne forment ni ensemble ni prises isolément une Eglise unitaire. Il faut distinguer en outre: les Eglises méthodistes, les Eglises vieilles-catholiques de l'Union d'Utrecht, les mennonites et les baptistes, les quakers, les témoins de Jéhovah, la Communauté néo-apostolique, etc. Cf.Konfessionskunde, de K. ALGERMISSEN, ouvrage remanié par H. FRIES, W. DE VRIES, E. ISERLOH, L. KLEIN et K. KEINATH, 8e édition. Paderborn. 1969.
(9) Cf. Kirchlicher Anzeiger für die Erzdiözese Köln (Bulletin ecclésiastique de l'archidiocèse de Cologne) 3, 1971, p. 47.
(10) « Et hoc utique sacramentum nemo potest conficere nisi sacerdos, qui rite fuerit ordinatus, secundum claves Ecclesiae, quas ipse concessit Apostolis eorumque successoribus Jesus Christus ». « Et assurément ce sacrement, personne ne peut le réaliser, sinon le prêtre qui a été légitimement ordonné selon le pouvoir des clés de l'Eglise que Jésus Christ lui-même a accordé aux apôtres et à leurs successeurs. » (Denz.-Sch., 802. - actuel. 802)
(11) Décret sur l'oecuménisme, 22.
(12) Constitution dogmatique sur l'Eglise Lumen gentium, 8.
(13) Ibid., 28.
(14) Kirchlicher Anzeiger für die Erzdiözese Köln, 109, 1969, p. 205.
(15) Décret sur l'oecuménisme, 2; Constitution dogmatique sur l'Eglise, 3.
(16) Décret sur l'oecuménisme, 8.
(17) BACHT, Zum Problem der Interkommunion, Münster 1971, p. 23.
(18) Décret sur l'oecuménisme, 1.
(19) Ibid., 1.
(20) Ibid., 4.
(21) Ibid., 3.